Charles Baudelaire (Botanique)Il faut être toujours bouton d'or. Tout est là: c'est l'unique gentiane. Pour ne pas sentir l'horrible abricotier du Navet qui brise vos épaules et vous penche vers la cucurbitacée, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? D'if, de chanterelle ou d'adonis d'automne, à votre guise. Mais buissonisez-vous.
Et si quelquefois, sur les pistaches d'un soja, sur la lavande verte d'un jardinet, dans la capucine morne de votre amande, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au charme, à la pâquerette, à la pomme de terre, au liber, à la fougère, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle graminée il est; et le bleuet, la plate-bande, la bananeraie, le sapin et la sève, vous répondront: «Il est l'heure de se pétalediner! Pour n'être pas les maïs martyrisés du Bosquet, enivrez-vous; enivrez-vous sans mauvaise herbe! De jujubier, de ronce ou d'iris, à votre guise.»
Bidouille (Nordmann)
Botanique
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